Image de couverture

Kermabo : une histoire du cidre en Bretagne

Près de Guidel (56), la cidrerie historique de Kermabo

La cidrerie de Kermabo est connue dans tout le Morbihan et bien au-delà. C'est une institution à Guidel (56) !

L’histoire des vergers de Kermabo commence en 1985 quand Anne et Eugène Le Guerroué décident de s’installer à la ferme familiale et de se spécialiser en cidre. Ils créent ainsi la cidrerie Les Vergers de Kermabo.

Proche des plages du Loch et du Fort-Bloqué très fréquentées l’été, la cidrerie de Kermabo bénéficie du tourisme et se développe. La production augmente petit à petit et La cidrerie se modernise : Ils changent de pressoir et de machine à récolter en 2005 et 2008.

Un autre changement se passe en 2008. Depuis le début, Anne et Eugène sont de fervent défenseurs de l’environnement, du local et du bio. Cette année-là, ils choisissent de convertir les vergers en Agriculture Biologique. C’est en 2012 que le premier logo bio apparait sur les bouteilles.

Depuis 2017, c'est Maud (la fille des créateurs) et son collègue Sébastien qui dirigent la cidrerie.

Lors de l'année 2020, j'ai eu l'opportunité de suivre le travail de la cidrerie pendant l'intégralité d'un cycle annuel.

Ce reportage illustre une grande partie des différentes phases de travail, de la préparation d'une nouvelle plantation à la vente du cidre.

Préparation de la plantation

Après des années de cultures de blé, de maïs et autres, le sol a besoin d’être profondément décompacté et enrichi avant d’accueillir un verger.

La luzerne, plante fourragère, décompacte profondément le sol grâce à ses racines puissantes et recharge le sol en azote.

Après l’avoir laissé deux ans en place, le terrain est prêt pour la mise en place du nouveau verger.

Orienté du Nord au Sud pour un ensoleillement maximal, sur une butte, le terrain est parfait mais très exposé aux vents d’ouest. Nous plantons des piquets, puis ajouterons des câbles qui permettront de soutenir les arbres.

La plantation

Depuis la création, 4 chantiers de plantations ont eu lieu : en 1985, 2003, 2018 et enfin, en 2021.

Pour que le travail soit efficace, chacun sa tâche !

Les uns à la préparation des plants issus de pépinière : on enlève toutes les branches et on sectionne l’extrémité à hauteur d’un beau bourgeon qui deviendra le nouvel axe de l’arbre, bien droit. On enlève toutes les racines et les radicelles. On peut ainsi les glisser facilement dans leur trou et ils fabriqueront vite de nouvelles racines.

Les autres préparent les trous, plantent, glissent une gaine pour les protéger des chevreuils et on attache le tout à un fil tendu entre les poteaux. Ainsi, le vent n’emportera pas nos jeunes arbres encore fragiles !

Au verger

Les pommes sont ramassées à l’aide d’une récolteuse autoportée.

Adaptée à partir d’une machine à récolter les noix, la récolteuse balaie les pommes grâce à son endainneur, et les projette vers sa benne à l’aide de rouleaux et tapis.

Très maniable, la machine ne tasse pas le sol et récolte les pommes rapidement.

Ainsi, après avoir mûri environ deux semaines sur son tapis d’herbe, la pomme est ramassée et aussitôt pressée. C’est le secret d’un bon cidre.

Le tri des pommes est réalisé au champ. Ainsi, on laisse toutes les pommes abimées et malades au verger pour ne ramener que les pommes saines à la ferme. C’est une étape assez fastidieuse mais cruciale pour la réussite des cidres !

Au pressoir

Une fois acheminées du verger, les pommes sont déversées dans la cour de la ferme.

A l’aide d’un caniveau et d’un circuit fermé d’eau, elles glissent en direction de la fosse où elles seront rincées puis convoyées vers le broyeur.

Une fois broyée, la pulpe reste dans le conquet pendant 1h30. Les polyphénols sont extraits de la peau pour donner une belle couleur au cidre et on perd un peu d’amertume… c’est le cuvage.

On place ensuite la pulpe dans le pressoir pneumatique et le jus sera extrait pendant 1h30. Pressée entre la cage inox et la membrane en caoutchouc, la pomme va subir une pression de plus en plus élevée pour exprimer au mieux son jus.

Il est ensuite collecté et envoyé dans les cuves via une pompe, où il va pouvoir commencer tranquillement sa fermentation.

La mise en bouteille

Une dizaine de fois par an, un camion équipé d’une rinceuse-tireuse-boucheuse fait étape à Kermabo pour mettre nos cuvées en bouteilles.

C’est à chaque fois une semaine intense en travail qui s’annonce.

Plusieurs étapes sont à mener de front : d’un côté la préparation des bouteilles recyclées, qu’il faut soigneusement laver et rincer. De l’autre la préparation du cidre qui doit être assemblé puis filtré.

Quand tout est prêt, le grand chantier commence. A la grande cadence de 3000 bouteilles par heure, les bouteilles vides se remplissent et sont stockées couchées dans les palox.

A l’aide d’un chariot élévateur, les bouteilles vides sont rechargées, les palox pleins sont enlevés et le bâtiment de stockage se remplit...

La vente directe

En 1985, Anne et Eugène lancèrent l’activité cidricole à Kermabo, à la suite de l’exploitation familiale de polyculture élevage.

Dès le début, la volonté de maîtriser la commercialisation de leurs produits était au cœur de leurs préoccupations. L’ouverture d’un point de vente à la ferme était donc une évidence, en parallèle d’autres débouchés comme la restauration et des commerces locaux.

En 35 ans, le bouche à oreille a fait son œuvre et c’est maintenant plus de 50 % des ventes qui sont effectuées dans notre boutique, un chiffre qui fait notre fierté et notre force.

30 % du cidre est vendu en restauration et 20 % dans les GMS, le tout dans un rayon maximal de 70km. Toutes les livraisons sont effectuées chaque semaine par nos soins.

En 2000, Anne et Eugène créèrent le marché à la ferme avec un groupe de producteurs. Pendant 10 ans, le marché eu lieu à Kermabo les mercredis de juillet et août. Il fut ensuite transféré à la ferme d’Autruche. Depuis 3 ans, les consommateurs peuvent retrouver les produits fermiers face à la mer, sur la belle esplanade de Guidel Plage.

La taille

On taille généralement en hiver pour apporter de la lumière aux arbres.

Ainsi, les feuilles captent plus de soleil et cela donne des fruits avec de beaux calibres et du sucre. On évite également les maladies grâce à un feuillage qui sèche plus rapidement.

Cette taille se pratique au mois de janvier et février, avec une tronçonneuse. On enlève une ou deux branches par arbre. Comme on ne peut pas faire l’intégralité du verger chaque année, chaque arbre se fait tailler tous les 3 ou 4 ans environ.

On fait également un peu de taille au lamier pour faciliter les passages des tracteurs et de la récolteuse.

Si vous souhaitez goûter ces produits et/ou visiter la cidrerie, vous pouvez les trouver ici :

Cidrerie de Kermabo